• L'ENCENS DES NOMADES

    L'homme qui pardonne à son ennemi en lui faisant du bien ressemble à l'encens qui embaume le feu qui le consume. [Proverbe indien]


    Les odeurs sont volatiles, les images, elles, sont nomades.

    Il faut être mage ou sage comme une image pour connaître l'encens sacré.

    De cette matière ancestrale, nous lèverons le voile afin de révéler son parfum comme mon amie Laëtitia Boudaud, photographe reporter, a pu le faire par ses photographies.

    Les arbres à encens ont diverses origines. Les arbres à encens ont différentes histoires.

    Le genre Boswellia appartient à la famille de l'élemi de Manille, du linaloe du Mexique et de la célèbre myrrhe, celle des Burséracées et regroupe plusieurs espèces d'arbres.

    Parmi la flore arboricole et africaine, l 'Ethiopie compte de nombreuses espèces : les espèces pirottae, orgadensis, microphylla et papyrifera qui sont présentes en Erithrée et au Soudan où l'on peut répertorier aussi l'espèce rivae.

    L'espèce neglecta est aussi une espèce éthiopienne que l'on retrouve au Kenya et en Somalie. Ce dernier, le pays de Pount, connaît deux espèces endémiques le Boswellia frereana et le Boswellia bhau-dajina. Le Boswellia dalzielii est unique au Nigeria.

    Enfin, dans les contrées de l'ouest de l'Inde, on découvre le Boswellia sacra.

    A maturité, seul l'arbre mâle, d'une hauteur de trois mètres produit une gomme résine précieuse. Il faut être patient pendant une dizaine d'années pour qu'il fournisse une matière de qualité.

    A la charge des bédouins, son écorce est incisée et, de cette blessure, naissent des larmes résineuses qui ne sont recueillies que trois semaines plus tard.

    La meilleure résine, l'encens blanc, est collectée en automne, à la suite des incisions pratiquées pendnat l'été.

    On lui a confié le nom d'oliban afin d'évoquer la couleur des carrières d'albâtre ou bien celles de calcite recherchées dans le temps pour la fabrication des petits flacons de parfum ou d'onguent en Extrême-Orient.

    Par opposition, l'encens roux cueilli au printemps après des entailles hivernales s'approche d'une teinte féminine, comme celle de la myrrhe, autre offrande des rois et des reines.

    Les poussières sont récupérées par tamisage en guise d'une troisième qualité.

    L'encens désigne diverses matières puisque cette résine a été souvent associées à d'autres , accompagnées d'aromates, ou d'autres substances végétales pour des fumigations divines ou profanes, pour purifier ou pour parfumer.

    Lorsqu'on le brûle, son essence émet une flamme fuligineuse et odorante qui évoque la mémoire des lieux de cultes et de sépultures.

    A vue de nez et selon le mode opératoire d'extraction, les alchimistes obtiennent des matières odorantes différentes.

    Ces gouttes précieuses peuvent être distillées. Où l'entrainement de la vapeur d'eau sépare, comme la gemme des pins des landes, la gomme de son essence, la colophane de la térébenthine qui donne de l'odeur à nos pinceaux.

    Les premières molécules de l'huile essentielle évoquent un souvenir d'encaustique, qui mêlées à de l'absolue de cires d'abeille, donneraient l'accord de la cire à l'ancienne déposée sur nos meubles : ce sont les pinènes.

    Viennent s'ajouter ensuite des notes d'agrumes apportées par le limonène et des caractères épicés et fruités, par les phelladrènes, comme la senteur des baies roses encore verte.

    En tête, son odeur, développe de légers reflets métalliques et un effet vibrant aldéhydé.

    A l'horizon, lorsqu'elles se sont volatilisées, persistent des textures boisées et de discrètes notes de verveine qui offre peut être à l'odeur d'encens des qualités apaisantes.

    Si les chimiste traitent la gomme, grâce à d'autres protocoles, par des solvants volatiles, le produit final sera l'absolue.

    Une masse ambrée translucide dont l'odeur est fraîche, fruitée et verte comme l'odeur de certaines pommes encore immatures.

    De ce voyage olfactif, nous comprenons que cette matière donne de l'allure aux parfums classifiés orientaux. Et si, à défaut d'encenser un dieu ou plusieurs, nous devions le faire pour une personne, ce serait Laëtitia pour ses images nomades :


    http://www.imagenomade.com

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    PIERRE BENARD/ osmoart


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